Claude KOUZMINE - Belfort - 2015-2019
Nouveau dictionnaire des communes - Tome I 

 Edité par la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Haute-Saône, Société scientifique et historique, sise à Vesoul (Haute-Saône) - SALSA
 Texte intégral, publié avec l'aimable autorisation de l'association.
Nota - Ce texte a été transcrit au début des années 1970.
J'ai mis les noms propres en majuscules et des liens dans le texte.
BITHYNIE : ancien royaume du nord-Ouest de l'Asie mineure, légué aux Romains par son souverain Nicomède III (74 av.JC)
Page 300 - TOPONYMIE
BETHANIE (génitif, année 1150 (AHS-H.345)
   1172 (AHS-H.406)
   1208 (AHS-H.361)
BITANIA, BETHANIA	1164	(AHS-H.435)
BYTAINE					1228	(AHS-H.363)
BITHENE					1265	(AHS-H.646)
BETHAINE				1279	(AHS-H.561)
BITHAINE					1273	(A.Côte-d'Or-B.10479)
Toponymie biblique BETHANIA, BÉTHANIE, vraisemblablement rapporté des croisades et donné par le fondateur de l'abbaye cistercienne de BITHAINE.
GEOGRAPHIE
Superficie totale : 732 ha; boisée; 249 ha; altitude : 300m.
Une vallée traverse le finage du nord au sud et est bordée de côteaux coupés par quelques combes.
Exposition sud-est et ouest.
DEPENDANCES
Deux hameaux, le BESANCENOT à l'ouest et le MOULINEY (ancien moulin) au nord-est.
Huit fermes : CHANTEREINE, au sud-est; ferme FROIDOT, au nord; les GUYOTS au nord-ouest;
le MONT-JARROT (412m) à l'est; ferme de la QUAY (LAQUERRA) au nord-est; ferme LIGNEY;
ferme PANTILLOT; ferme de PLANTE.
GEOLOGIE
Alluvions récentes dans le cours de la rivière. Grès rhétiens, au nord-ouest, à l'ouest et au sud-ouest.
Marnes irisées avec dolomie-moellon sur le reste.
HYDROGRAPHIE
La rivière LA COLOMBINE, qui est née à COLOMBES-LES-BITHAINE, traverse le finage du nord au sud.
DEMOGRAPHIE.
1790 : 224 habitants
1815 : 297 habitants
1841 : 304 habitants
1861 : 156 habitants
1906 : 118 habitants
1936 : 61 habitants
1962 : 25 habitants
1968 : 27 habitants
Morts à la guerre :
  1914-18 : 2
  1939-45 : 1.
Page 301 HISTOIRE
Au nord de BESANCENOT ont été signalés des ruines et des tuilots romains.
Ancienne abbaye de l'ordre de CITEAUX.
La légende rapporte que la fondation de l'abbaye fut la conséquence d'un voeu fait par Aimé de FAUCOGNEY, alors prisonnier des Sarrazins, en BETHANIE, en terre sainte.
Implorant l'intercession de la vierge Marie il aurait été miraculeusement transporté au fond d'une vallée boisée de sa terre.

La terre de BITHAINE dépendait de la seigneurerie de FAUCOGNEY. Plusieurs membres de la famille de FAUCOGNEY et leurs vassaux se la partageaient lorsque, vers 1133, AYMON de FAUCOGNEY donna ce qu'il possédait à GAUTHIER, abbé de MORIMOND, pour y fonder un monastère.
Conformément à la règle de CITEAUX, celui-ci envoya douze moines sous la conduite de l'abbé RICHARD.
La teneur de la donation d'AYMON est connue pour la confirmation qu'en fit, en 1147, HUMBERT, archevêque de BESANÇON.
Elle n'est , d'ailleurs, pas détaillée et comporte seulement le lieu où est fondée l'abbaye:
LOCUM PRINCIPALITER IN QUO FUNDATA EST ABBATIA
Il est probable qu'il ne portait pas alors le nom de BETHANIA qui apparait dans la confirmation et qu'il fut nommé ainsi par les religieux.
AYMON permit aussi à l'abbaye d'acquérir de ses vassaux tout ce qu'elle pourrait sur la terre lui appartenant.
Ces vassaux sont nommés et donnèrent leurs accords:
  HUGUES et GERARD de MIMERS
  RICHARD de CALMOUTIER et leurs héritiers;
  RENAUD de TREVEY;
  AYMON de SAINTE-MARIE et ALARD de FAUCOGNEY.
Les trois fils d'AYMON, HENRI, OTHON et RODOLPHE, concédèrent les droits d'usage et de pâturage partout où l'abbaye pourrait en trouver sur leurs propriétés.
Peu après, ALARD de FAUCOGNEY donna ou vendit la grange du VAL de BITHAINE qui était du fief d'AYMON.
Page 302
Il semble qu'au début l'occupation de l'abbaye ne fut pas paisible.
En 1152, l'archevêque HUMBERT arbitra les différents qui s'étaient élevés entre les religieux et ALARD de FAUCOGNEY.
A la même époque, il régla les contestations que soulevait GISLEBERT, vicomte de VESOUL, et dont il se désista.
On ignore les liens de parenté du fondateur AYMON avec GISLEBERT. Celui-ci, comme preuve de sa bonne volonté, donna à l'abbaye tout ce qu'il possédait dans la grange du VAL de BITHAINE, et dans le même acte, HUGUES de POMOY et son fils VALON en firent autant.
En 1157, l'empereur FREDERIC 1er confirma les possessions du monastère : le lieu même de BITHAINE , les fermes du VAL, de COLOMBES-LES-BITHAINE, du MONT-JARROT, de PLANESIA, de FAIA, avec toutes leurs dépendances.
En 1172, AYMON de FAUCOGNEY et son fils JEAN donnèrent au monastère tous leurs droits sur la grange du VAL de BITHAINE qu'ils avaient acquis d'ALARD.
En 1211, AYMON II de FAUCOGNEY fit don de ce qu'il avait encore dans cette grange  et , en 1228, concéda à l'abbaye la confirmation de toutes les donations faites par ses ancêtres en y ajoutant l'abandon de son droit de justice sur tous les sujets du monastère résidant sur la terre de FAUCOGNEY.
A cette époque, l'abbaye Sainte-Marie de BITHAINE possédait donc la seigneurerie totale sur toute la terre et ses démendances et avait des propriétés dans plus de quarante villages.
Ses revenus étaient estimés à 400 livrées de terre en 1294.
Isolée, sans protecteur puissant, trop proche des abbayes de LURE et de LUXEUIL, celle de BITHAINE souffrit beaucoup des convoitises qu'excitait ce voisinage pendant les guerres des XIVe et XVe siècles.
En 1525, les paysans luthériens du pays de MONTBELIARD qui n'avaient pu s'emparer de LURE pillèrent et saccagèrent le monastère et les villages avoisinants.
Ils s'en retournaient, chargés de butin, lorsque les habitants de la terre de FAUCOGNEY les arrêtèrent entre FRESSE et TERNUAY et les anéantirent.
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Malgré ces évènements, BITHAINE restait un foyer de spiritualité.
En 1538, l'abbé fut chargé, avec celui de BELLEVAUX, d'enquêter sur l'immoralité qui régnait dans le  monastère de CHERLIEU et de la réprimer.
BITHAINE fonda à son tour l'abbaye de CLAIRLIEU, près de NANCY.
Mais l'abus des biens matériels et les dévastations de la GUERRE DE DIX-ANS eurent pour BITHAINE les mêmes conséquences que pour les autres monastères cisterciens de la région.
Elle tomba en commende et était en pleine décadence en 1789.
Le monastère fut mis en vente comme bien national.
L'église abbatiale, dédiée à la vierge Marie (qui avait été consacrée par LAMBERT, évêque de LANGRES, vers 1138) fut démolie par son acquéreur.
JEAN de FAUCOGNEY, vicomte de VESOUL, mari d'HELOÏSE de JOINVILLE, mort en 1261, ainsi que son petit-fils JEAN II y avaient été inhumés.
Elle conservait la relique de Saint GUERIN, notement le fermoir de son cilice à qui l'on attribuait le don de guérir les animaux malades.
Les autres bâtiments tombèrent en ruines pour la plupart; il ne subsiste plus que la maison de  l'abbé, une partie du cloitre et de la sacristie réparés en 1731  et englobés dans un bâtiment de ferme.
La ferme du MONT-JARROT, située sur une hauteur, était très importante.
Ferdinand de LANNOY l'a portée sur sa carte du Comté de BOURGOGNE de 1579.
Elle fut donnée au monastère par GIRARD de QUERS. Il lui abandonna tout ce qui lui restait sur le territoire de cette grange ( de MONTE JERROT, de MONTEGERRAUX ) en prés, terres, forêts à partir du ruisseau qui coule au-dessus d'ADELANS jusqu'au ruisseau qui court depuis la source GARIN jusqu'à la forêt de CHARMOIS.
Cette donation figure dans la confirmation des propriétés de l'abbaye faites par l'archevêque AMEDEE en 1211.
1789 : baillage de VESOUL;
1790 : district de LUXEUIL
 canton de SAULX.
 
ECONOMIE
Jadis abbaye cistercienne et importantes exploitations agricoles dépendant de ce monastère.
Filature qui fonctionna pendant la 1ère moitié du XIXe siècle.
La fermeture de cette filature a singulièrement amoindri la population et la prospérité de ce village ( SUCHAUX, 1866 ).
Aujourd'hui, culture et élevage, mais la commune se dépeuple de plus en plus.
L'ancien domaine de l'abbaye est maintenant utilisé comme terrain de manoeuvres pour engins blindés.
Sources
Bibli. RB.468,949
      Archives départementales de la Haute-Saône (AHS);
      Almanach de Franche-Comté 1785;
      Dunod Mémoires pour servir à l'histoire du Comté de Bourgogne 1740; Ch.LONCHAMPS Glanures 1856;
      L.SUCHAUX Galerie héraldo-nobiliaire 1878;
      U.ROBERT Les testaments de l'officialité de Besançon 1907;
      R.TOURNIER Les églises comtoises 1951;
      J.de TREVILLERS Sequania monastiqua 1950 et le supplément 1955;
      La grande encyclopédie chez H.LAMIRAULT éditeur Paris .