LA CREUSE
Aujourd'hui commune du canton de Saulx, arrondissement' de Lure.
Recensement de 1906 : 160 hab. ; 504 a.
Seigneur : L'abbé de Bithaine.
Curé : Paroisse de Pomoy (avec Le Mouliney).
Population: Feux,50 ; habitants, 219 ; charrues, 31 ; chevaux, 37 ; bètes à cornes, 157.
Territoire : Fauchées de prés, 227 ; journaux de champs, 629 ; ouvrées de vignes 136 ; arpents de bois, 373.
Taux de la taille, de la capitation et des vingtièmes : 398 l.13 s. 7 d. en 1734 ; 1672 l.15 s. 4 d. en 1789.
Analyse du procès-verbal. Le 16 mars 1789, par devant CI.- Franç.. FROISSARDEY, notaire royal à Corravillers,
Signatures de J.-C. PRÊTRE jeune. N.-C. CHAPELET. J.-B. BULLAND, J.-C. JAMEY, Nic. BOISNET. Franç. LUC. J.-B. JOLY. H. TAVERNIER, C.-F. PETIT, J.-Cl. JAMEY, Jean LAGIRARDE, J.-B. MOUREY. Jh. RAPIN. Fr. CLERC, F.BOILLAUD, J. FOLIGUET, J.-G. SIMON, J.-B. PRÊTRE, Cl.-Fr. BOILLAUD., - J.-B. JOLY et J.-CI. PRÊTRE jeunes députés.
Sources : Arch. dép.. C. 358 ; rôles des impositions. B.4215.
Art. 22. Que les habitants de la Creuse sont composés de cinquante feux : il y a seulement dix particuliers qui soient cultivateurs, attendu que les moines de Bithaine, de l'ordre de S. Bernard, ont tellement vexé lesdits habitants par les amendes, contraintes, toutes les années, en employant nombre d'huissiers et cavaliers de la maréchaussée, qu'ils ont réduit les trois quarts desdits habitants à la misère et à la mendicité.
Art. 23. Que les habitants dudit La Creuse sont affectés dans la généralité de leur finage de dix gerbes l'une de leurs grains qui se lient pour la dîme, et celle des vignes de deux différentes façons, la première de treize hottées l'une, et l'autre de onze l'une, avec un accensement, terres emplantées ou non emplantées, de la quantité de quarante-huit paires, payables par chaque année ; et les quartes de terre dudit finage sont à 90 perches pour la quarte, et pour la livraison mesure de Luxeuil ; on ne peut tirer qu'environ seize gerbes par chaque quarte de terre, attendu que le finage est en pente de tous côtés, les eaux écoulant emmènent annuellement les terres dans la prairie, la gâtent au moins les deux tiers ; et souvent une bonne partie des foins et regains sont entraînés par les inondations ; joint à dix livres de taille que cette prairie est affectée par chaque année.
Art. 24. Que les terres, prés, meix et maisons, généralement tout ce que lesdits habitants possèdent au village et finage dudit La Creuse, est affecté en cas de vente de six deniers l'un de lods, et de relods de quarante l'un, commises, retenues, amendes, consentement, etc., et la mainmorte le cas arrivant.
Nota. Il faut observer que le tiers de ces terres ne valent pas le deffrerye [Défrichement] et la culture, même que la 1ere classe des bonnes quartes de terre dudit lieu ne valent pas la médiocre des villages voisins.
Art. 25. Que les habitants dudit La Creuse doivent aux moines de lad. abbaye des corvées de bras de deux jours par chaque feu, ainsi que de leur mener aussi par chaque feu qui ont harnois une voiture de bois.
Art. 26. Que les moines de L'abbaye de Bithaine viennent d'usurper aux habitants de La Creuse la quantité de soixante arpents de leurs bois communaux, en deux différentes fois : la première, trente-trois arpens en 1715, dont ils ont déjà coupé le bois quatre fois, la deuxième, vingt-sept arpens provenant de même de leurs forêts, en faisant différents procès à ladite communauté, qui n'a pas été en son pouvoir de se défendre, ce qui l'a forcée de céder à ces religieux tout ce qu'ils ont demandé, même de leur fournir des bois de service, en cas d'incendie, pour la reconstruction de leur sacristie et clocher, on apprécie les fonds ci-dessus avec les levées d'icelui à la somme de trente-six mille livres et plus.
Art. 27. Que les fermiers des moines dudit Bithaine, à qui ils ne donnent point de bois, se jettent dans le restant des bois de la communauté, les dégradent une grande partie ; les forestiers en exercice étant contraints d'en faire leur rapport au greffe de la justice de cesdits moines, et le juge de ces derniers les renvoie sans amende ni dépens ; et lesdits habitants se voient frustrés des intérêts des délits commis dans leurs bois.
Art. 28. Que ces mêmes moines de Bithaine ont fait marquer par un architecte une route pour aller en leur abbaye en longueur de trois quarts de lieue, dans laquelle il y avait plusieurs pentes et aqueducs, ce qui aurait pu couter une somme de douze mille livres, et qu'il était impossible au village dudit La Creuse d'exécuter ; malgré cette injuste vexation, le procureur d'office de cette justice n'a pas laissé d'obtenir une requête de Monseigneur l'Intendant pour se faire payer par cette communauté les frais de cette prétendue route, sans avoir pu la faire exécuter.
Art. 29. Que les habitants de La Creuse doivent annuellement huit livres de cire à la baronnie de Faucogney, pour anciens droits seigneuriaux ; et aujourd'hui nous sommes sous la directe des moines de Bithaine ; c'est pourquoi nous demandons que ces derniers aient à nous produire leurs titres.
Art. 30. Qu'il y a un moulin au village de La Creuse, qui gâte la prairie dudit lieu, par les arrêts d'eau qui surviennent; les moines dudit Bithaine tirent de ce moulin pour le cours d'eau, la quantité de treize quartes et demie de blé mesure de Luxeuil, avec quatre poulets et une livre de cire, le tout par chaque année.
Art. 31. Que les seigneurs de Bithaine possèdent sur la prairie dudit La Creuse le quantité de soixante voitures de pré, desquelles la communauté en supporte toutes les impositions, avec douze voitures aussi de pré, que ces moines ne sont imposés qu'à la
portion colonique, ce qui écrase et surcharge de beaucoup cette communauté.
Art. 32. Qu'il y a quelques années que la communauté de La Creuse était liée avec celle de Mouliney, ne formant qu'une même communauté pour payer les impositions royales ; aujourd'hui étant divisés d'avec ledit Mouliney, et cependant le village dudit La Creuse se trouve surchargé de plus d'impôts que dans ce temps ; ce qui fait conjecturer qu'on a oublié d'ôter au village de La Creuse la part des impositions que doit supporter le village dudit Mouliney.
Art. 33. Que les habitants de La Creuse, hameau qui forme une partie de la paroisse de Pomoy, doivent à leur sieur curé, savoir pour ceux qui font leur charrue un boisseau de blé, les demi-charrues un quart comble, et pour ceux qui ne sèment rien un quart sans comblure, avec une gerbe de passion par feu et ménage ; ledit sieur curé possède sur le finage dudit La Creuse un pré de la contenance de cinq voitures et demie, avec un champ de la contenance de onze quartes, qui ne sont imposés qu'à la
portion colonique.
Art. 34. Que les moines de Bithaine ont un volier peuplé d'un grand nombre de pigeons ; on supplie très humblement Sa Majesté d'ordonner à ces moines de les enfermer pendant le temps des semailles et autres saisons ordonnées dans les anciennes ordonnances de cette province, sinon qu'il soit permis aux suppliants de les tuer.
Art. 35. Que lesdits moines de Bithaine ont des chasseurs qui chassent avec beaucoup de chiens dans le territoire dudit La Creuse, même dans les vignes, lorsque tout est en maturité, ce qui cause un préjudice considérable à ladite communauté.
Art. 30. Que les moines dudit Bithaine se sont encore réservé, par arrangement avec lesdits habitants dudit La Creuse, de leur céder trois places de cochons dans les bois et embouchures pour la glandée dudit lieu, ce qui préjudicie ladite communauté.